La pandémie de COVID-19 témoigne à vif comment, dans nos sociétés modernes, les liens sociaux ont été fragilisés en mettant à nu la vulnérabilité de tous, de chacun et chacune. Nous avons aussi découvert collectivement comment le care, entendu dans l'un de ses sens, celui du prendre soin, était au coeur de tous nos liens sociaux et qu'il tissait la trame de notre société. Tout à coup, certains travailleurs essentiels, qui étaient souvent des travailleuses essentielles, sont devenues visibles et, parfois, reconnues. De nombreuses personnes, en revanche, se sont retrouvées dans des situations d'extrême vulnérabilité. Certaines institutions essentielles se sont avérées fragiles ou dysfonctionnelles. Pour faire face à ces ébranlements sociaux profonds, les gouvernements occidentaux se sont souvent tournés vers un techno-solutionnisme numérique et ils ont fait usage d'une rhétorique guerrière se voulant mobilisatrice.
Cet ouvrage explore les facettes de ces vulnérabilités individuelle, collective et institutionnelle qui se sont manifestées pendant la pandémie. Il met en évidence comment le care, qui ne se limite pas à sa dimension de prendre soin, est à la fois ce qui nous a permis de tenir ensemble, mais aussi ce à quoi nous tenons. Les textes réunis interrogent à partir de la théorie du care différents enjeux cruciaux de la pandémie, en particulier, la crise de la responsabilité et de la démocratie, l'invisibilité du travail des femmes et des immigrants et immigrantes, la gestion des risques et les solutions numériques, le prendre soin face à la mort, la résilience collective.
Mis en avant par l'Union européenne, depuis le milieu des années 1980, et par l'Organisation internationale du travail qui, dix ans plus tard, en a fait l'un des piliers de son agenda du travail décent, le dialogue social est l'objet de controverses, qui se sont amplifiées au sortir de la plus grande crise économique (2007-2009) que le capitalisme occidental ait connue depuis les années 1930. Considéré par les uns comme un progrès démocratique, associant d'une manière consensuelle les partenaires sociaux à la résolution de problèmes, le dialogue social est vu par les autres comme un dispositif porteur de concessions salariales, imposées par les entreprises et l'État, animés par les logiques de la compétitivité et de l'austérité, auxquelles les syndicats sont incités, voire contraints, d'adhérer. Non seulement les mots ont changé, mais les choses aussi ne sont pas demeurées en reste. Dans le sillage de la libéralisation des marchés, de la financiarisation, de la montée du néolibéralisme et du déclin du syndicalisme, les stratégies des acteurs et les rapports sociaux ont profondément évolué, si bien que l'on peut parler de l'émergence d'un nouveau régime capitaliste et d'un nouveau régime de relations du travail. Cet ouvrage fait le point sur toutes ces évolutions qui ont marqué les systèmes de relations professionnelles au cours des dernières décennies.