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Grasset
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« Un jour, il y a deux ans, Frédéric B. et Michel H., écrivains bien connus et amis de longue date, dans des genres différents, me tombent dessus : « Alors, Christophe, tu ne bois plus, tu ne te drogues plus ? Plus rien ? Tu as remplacé par quoi ? Par le sexe ? » J'ai dit « oui » pour leur faire plaisir. Difficile à l'époque de leur expliquer en quelques mots, comme je vais tenter de le faire pour vous, que j'avais découvert une ivresse bien plus puissante que tous les alcools, bien plus étonnante que toutes les drogues. Ni sexe, donc, ni shopping, ni télé, ni travail, ni histoires d'amour adultères, tout ce par quoi on comble habituellement son vide, par quoi on fuit le monde... Je n'avais simplement plus besoin d'être ailleurs. Seule la réalité m'emplissait. Cette réalité que j'avais fuie presque toute ma vie dans les produits interdits, les médicaments pour soigner le mal-être, la maladie, la dépression, les mensonges et les tromperies... Je retrouvais le monde avec sa dureté mais aussi sa beauté, celle d'un café pris au soleil ou d'un sourire dans la rue. Pour en arriver là, c'est un travail spirituel qu'il m'avait fallu accomplir. Spirituel, oui. Au-delà du spectaculaire, du combat contre le démon ou de la description de l'enfer à travers les souvenirs et les exemples concrets, ce livre est une aventure spirituelle. La plus inédite, la plus incroyable de toutes les aventures que j'ai vécues. Il est le récit d'une quête et des obstacles à surmonter pour parvenir au bout. Parvenir à accepter et à aimer cette réalité à laquelle j'avais tenté d'échapper depuis le traumatisme d'Il m'aimait : parvenir à retrouver l'estime de moi et la confiance. Ce livre s'appelle Résurrection parce que j'étais mort. Ce livre s'appelle Résurrection parce que j'ai cessé de porter ma croix. D'être une victime. Il raconte comment j'ai fait. Concrètement. Pas à pas. Il est la suite, et heureusement la fin, de Il m'aimait .»
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« Je ne pouvais pas parler, je n'y avais même jamais pensé tellement tout cela était de ma faute, tellement j'étais compromis et depuis si longtemps. Et puis, au fond, je l'aimais bien, Didier. Depuis plusieurs années, je m'étais habitué à lui. A sa présence, à ses cadeaux et à son amour des enfants ».
Le narrateur est aujourd'hui un adulte. Pendant toutes ces années, il a caché - par honte, par impuissance, par culpabilité ? avoir été la victime d'un ami de la famille, Didier, un adulte « gentil » et affectueux, qui pratiqua sur lui des attouchements sexuels permanents, jusqu'à l'adolescence, jusqu'à ce que les femmes le sauvent malgré lui, et le libèrent de ce poids de chagrin.
Mais tout n'est pas si simple dans ce récit serré, calme et dévastateur à la fois, où Christophe Tison ne s'épargne guère. Et si la victime n'avait pas que du dégoût pour son bourreau ? Et si le pédophile aimait l'enfant qu'il pollue et abîme pour le reste de sa vie d'homme ? Et pourquoi les adultes, les parents, ne comprennent pas qu'on ne doit pas laisser libre, trop libre, un être qui ne sait pas se défendre ? -
« Je m'appelle Christophe, et je suis le centre du monde. Je travaille à la télévision. C'est moi qui pourris vos week-end et vos soirées. C'est moi qui vous empêche de lire des livres et de baiser avec votre femme ou votre mari en vous tenant éveillés jusqu'à deux heures du matin devant un programme inepte.
Oui, mon métier c'est de fabriquer, avec le temps qu'il fait, votre seule conversation commune, le seul point brillant qui unisse les hommes. Je suis votre plus petit commun dénominateur. La seule vie, la seule expérience que vous partagez tous. J'ai remplacé la Messe, la Bible et Monsieur le curé. Du coup, vous vous autorisez à en parler ensemble, à critiquer mon travail, à m'aimer, à me détester comme si je vous appartenais en propre. Et cependant, je vous échappe à jamais... Vous êtes passifs, cloués dans votre canapé et je ne vous entends pas. D'où cette frustration incroyable que je provoque en vous.
C'est moi qui vous console, moi encore qui vous tient compagnie. Je suis une machine à ne rien dire, une machine à solitudes. Plus je vous accompagne, plus vous êtes seuls face à moi. Je vous tiens par la main, je vous immobilise sur votre fauteuil et vous devenez gros, vous ne pensez plus à rien. Non, à rien. J'ai remplacé la pensée par de simples stimuli. Par du cul, de la violence, des drames, des rires, des faux débats, des clichés à l'infini.
Oui, je suis le centre du monde et tout le monde veut venir chez moi. »