Pour remonter dans le passé, il n'est pas nécessaire d'utiliser une machine à voyager dans le temps. Il suffit de s'imprégner de l'époque dans laquelle on désire se rendre, de se dépouiller de toutes les pensées qui vous ancrent dans le présent et de se conditionner mentalement et physiquement pour être projeté dans un monde qu'on croyait perdu. Telle est la théorie du Pr Danziger.
Recruté pour ce projet qui a secrètement l'aval et le soutien logistique du gouvernement américain, Simon Morley doute, hésite... Mais la curiosité et le mystère qui entoure le suicide d'un aïeul de son amie Kate finissent par le décider. Installé dans un appartement d'un vieil immeuble new-yorkais demeuré intact, il se comporte comme un homme de la fin du XIXe siècle et, un soir de neige, après des jours d'efforts et d'attente, le miracle se produit...
Récit conjuguant les témoignages écrits et visuels (de nombreux dessins et photos accompagnent le texte), Le voyage de Simon Morley a été récompensé par le Grand Prix de l'Imaginaire en 1994.
Il fallait qu'ils m'aident à m'évader.
Il le fallait ! Il le fallait à tout prix. Les mots se reformaient sans cesse dans ma tête, si bien que bientôt ils perdirent tout sens.
Je les avais prononcés pour la première fois quelques secondes après mon réveil. Il était 6 h 30 et je m'attardais au fond de ma couchette, prêtant l'oreille à la grande rumeur creuse qui montait du quartier cellulaire. Je fermais les yeux, cherchant à retrouver le sommeil, mais sans y parvenir.
Et brusquement, un gardien apparut sur la galerie et m'appela : " Jarvis ! " J'eus beau me dire qu'il pouvait avoir cent mille raisons de m'appeler, je ne pouvais me leurrer. Je savais ce qui m'attendait - Je le savais pertinemment et c'est alors que les mots se formèrent dans mon esprit : " Il faut qu'ils m'aident à m'évader. "
" chaque cosse avait éclaté, laissant échapper une partie de la substance grise qu'elle contenait.
L'enchevêtrement de ce qui semblait du crin de cheval grisâtre glissait lentement hors des cosses membraneuses et s'assemblait de lui-même, les fibres se redressant et s'alignant pour former approximativement une tête, un corps et des membres miniatures.
Il est impossible de dire combien de temps nous restâmes immobiles, fascinés par notre découverte. assez longtemps toutefois pour voir les têtes informes et les membres embryonnaires grandir à mesure que la substance s'écoulait, et devenir.
Quatre mannequins de cire, aux visages encore dépourvus de traits ou d'expression, et qui n'attendaient plus que la touche finale.
Il y en avait un pour chacun de nous, nous le savions bien. ".